Nous avons lu et tellement aimé , les trois romans parus en France de cette ecrivain hongroise 'la porte, la balade d'Isa, rue Kathalin) voici le quatrieme , je ne l'ai pas encore lu , mais cela ne va pas tarder
Résumé du livre
Eszter est célèbre. Pourtant, les frustrations de son enfance renaissent et s'exacerbent quand elle découvre qu'Angela, la gamine trop parfaite de son village natal, est l'épouse de l'homme qu'elle aime, et qui l'aime. 'Le Faon' est un texte qui dit la jalousie, non, la haine incoercible, vécue comme un maléfice, à l'égard d'un être qui symbolise tout ce que la petite fille que fut Eszter n'a pas connu. Son monologue est celui d'une femme qui se donne, se confie, confesse, et qui expie.
La critique par Thomas Flamerion
Les éditions Viviane Hamy poursuivent avec ‘Le Faon’, la diffusion en France de l’oeuvre d’une écrivain majeure des lettres hongroises, disparue en novembre 2007. Magda Szabo, victime de la dictature communiste, (re)vient tard à l’écriture. Elle signe en 1959 ce récit féroce, presque dérangeant mais parcouru de tendresse, qui porte déjà l’étrange pesanteur qui caractérise les romans de la dame. Herman Hesse ne s’y était pas trompé, il qualifie l’ouvrage de ”poisson d’or” et propulse son auteur sur la scène littéraire européenne.
Eszter, l’héroïne du ‘Faon’, est une comédienne que l’envie pousse inexorablement vers la tragédie. Frustrée, obnubilée par ses remords et une rivalité qui la ronge de l’intérieur, la jeune femme se lance dans le monologue où s’expriment les sentiments les plus purs comme la haine, lancinante, nourrie par l’obsession. De sa prose distinguée, par sa subtile approche de la psychologie humaine, Magda Szabo creuse la personnalité d’Eszter, en démonte les rouages et confère aux pensées les plus noires ce supplément de sensibilité qui les éclaire. A mesure que la comédienne se confesse, qu’elle se libère, elle nous emporte dans son monde de rancoeur, dans son drame personnel.
Le rythme est maîtrisé, la tension palpable. Magda Szabo, écrivain retranchée derrière la fenêtre de son appartement, regarde le monde et perce les consciences. ‘Le Faon’ est une délicieuse descente aux Enfers, dans les bas-fonds de l’âme. Un roman clair-obscur, intelligent et brillamment construit.
Biographie de Magda Szabo
]Issue d'une famille cultivée de la grande bourgeoisie hongroise, Magda Szabo hérite des dons littéraires de sa mère. Elle commence par écrire des poèmes avant de se lancer dans la fiction. Sa carrière débute avec vigueur après la Seconde Guerre mondiale, et elle apparaît comme le plus grand espoir de la littérature hongroise. Cependant, elle cesse d'écrire après 1948 pour des raisons politiques, et vit en donnant des cours et en faisant des traductions. Elle réapparaît sur la scène littéraire à la fin des années 1950, et connaît un véritable succès, récompensée par plusieurs prix hongrois. Sa notoriété ne cesse de s'accroître, à l'échelle nationale et internationale, jusqu'en 1987, année où elle publie 'La Porte', dont le succès est mondial. Si la Hongrie la considère comme un classique vivant de la littérature, ses livres sont assez peu traduits en France, et il faut attendre 2003 pour pouvoir lire 'La Porte', finalement récompensé par le prix Femina du roman étranger. En 2006, une nouvelle édition du roman 'La Rue Katalin', publié en Hongrie en 1969 puis une première fois au Seuil en 1974, est publiée en France. On y retrouve un thème récurrent dans son oeuvre, celui de l'insurrection de 1956. Ecrivain engagée, elle n'a d'ailleurs jamais hésité à aborder des sujets sensibles de sa plume gracieuse et envolée. Le 19 novembre 2007, en fin d'après-midi, la mort vient cueillir Magda Szabo, alors qu'elle est en train... de lire.