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 "dans la nuit Mozambique" LAURENT GAUDE

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Christine
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Christine


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MessageSujet: "dans la nuit Mozambique" LAURENT GAUDE   "dans la nuit Mozambique" LAURENT GAUDE Icon_minitimeMer 18 Juil - 10:38

DANS LA NUIT MOZAMBIQUE Resumé du livre

En quatre récits, Laurent Gaudé donne la parole à des personnages confrontés à la culpabilité, la violence, la proximité de la mort ou la disparition d'un proche. Douloureusement, ils font face à un avenir sombre, revoient leurs illusions et passions de jeunesse ou les plus simples bonheurs de l'existence, conscients de l'anéantissement qui les guette. Dans 'Sang négrier', quelques esclaves noirs profitent de l'escale de leur navire à Saint-Malo pour s'échapper. Le narrateur raconte comment la chasse à l'homme qu'il organise tourne au carnage. Au 'Grammery Park Hotel', un vieux poète new-yorkais se souvient de sa toute première publication... et de la femme qu'il a aimée. 'Colonel Barbaque' marque les retrouvailles de l'auteur avec Quanton Rippol, le soldat de 'Cris' sauvé par l'artilleur africain M'Bossolo. Il a porté en Afrique - bientôt flanqué de ce surnom, le colonel Barbaque - l'ivresse meurtrière, l'ubris dont la guerre l'a fait dépendant. Enfin, éclairé par les plaisirs de l'amitié, de la table et de l'imagination, le récit 'Dans la nuit Mozambique' évoque les soirées de trois officiers de marine qui, dans un petit restaurant de Lisbonne, en compagnie du patron de l'établissement, avaient des rendez-vous réguliers pour souper et se raconter des histoires.




INTERVIEW DE LAURENT GAUDE

Deux ans après ‘Le Soleil des Scorta’, maintes fois récompensé et couronné par le prix Goncourt, le romancier-dramaturge fait son retour en librairie avec ‘Eldorado’. Entre actualité brûlante et fable humaniste, ce roman bouleversant est l’un des événements de la rentrée littéraire 2006.



Malgré la pression grandissante, Laurent Gaudé prend le temps de nous raconter les destins croisés de ses personnages, de nous conter, avec passion et générosité, l’aventure de l’écrivain, l’histoire d’un roman.


Comment vous est venue l’idée d’écrire un roman sur l’émigration clandestine vers l’Europe ?

J’ai des dossiers dans lesquels je conserve des articles que je découpe dans des journaux. Quand je me suis mis à travailler sur ce qui allait devenir ‘Eldorado’, j’ai ressorti le dossier émigration. Il contenait des articles de 1999-2000, que j’avais un peu oubliés, même si l’idée me trottait dans la tête. Il y a eu des éléments déclencheurs tels que l’histoire des bateaux affrétés du Liban par les services secrets syriens pour mettre la pression sur l’Europe. Cela m’avait frappé parce que je découvrais un peu naïvement qu’il y avait derrière tout ça des questions de géopolitique et de diplomatie indirecte. L’autre élément déclencheur fut d’apprendre que pour la mafia des pouilles, en Italie, l’argent généré par le trafic d’immigrés est devenu supérieur à l’argent généré pas le trafic de drogue. Ces chiffres m’ont beaucoup marqué.


Quel rôle ont joué les images d’émigrants africains tentant de passer à Ceuta et Melilla ?

J’ai été un peu rattrapé par cette réalité-là parce que j’ai commencé à écrire le livre à la fin du mois d’août dernier. C’est à l’automne qu’on a commencé à réellement découvrir les images de l’assaut des barbelés des enclaves espagnoles au Maroc. C’était très présent au moment où j’ai commencé à écrire, donc j’ai eu envie d’intégrer aussi cet épisode-là au livre. C’est venu sur le tard.


L’action d''Eldorado' se déroule entre le Moyen-Orient, l’Italie et l’Afrique, des lieux que l’on retrouve séparés dans vos précédents romans. Des destinations qui vous fascinent...


Ca n’était pas vraiment voulu, mais bizarrement il y a une concentration de ces lieux. Mais ça n’est pas la même Afrique que dans ‘La Mort du roi Tsongor’. La présence de l’Italie, c’est venu un peu naturellement. Il y a un petit clin d’oeil au ‘Soleil des Scorta’, une sorte de prolongement, mais il y a surtout une légitimité réelle : cette voie d’accès de la Libye à la Sicile. Dans ‘Eldorado’ il y a là la réunion des lieux qui génèrent de l’imaginaire pour moi.


Pourtant, autant dans vos précédents romans certains lieux étaient complètement imaginaires, autant ici tous sont réels...

C’est ce qui m’excitait dans l’écriture de ce livre-là : confronter pour la première fois mon écriture romanesque au monde contemporain. Parler vraiment d’un sujet d’aujourd’hui, essayer de dire un peu le monde tel qu’il est actuellement, même si ça n’est que par une petite fenêtre... Je l’avais fait pour le théâtre, mais jamais pour les romans.


Dans le roman on retrouve des thèmes tels que la femme qui veut venger son enfant, la séparation de deux frères, le sacrifice de l’un des deux, l’homme qui cherche à se racheter... Des thèmes de la tragédie ?

Le point commun c’est certainement la trajectoire de la tragédie, qui m’intéresse de manière permanente. Comment est-ce que tout à coup la grande histoire, ou le hasard, fait basculer les vies, ou vient bousculer les choses. Je trouve cela passionnant. Il y a la tragédie mais, un peu comme dans ‘La Mort du roi Tsongor’, il y a aussi le parcours initiatique, qui va souvent de paire avec la tragédie grecque. Comment ces événements extérieurs nourrissent également un cheminement intérieur qui, même s’il est douloureux, est tout de même un enrichissement ? Dans ‘Eldorado’, c’est ce sur quoi j’ai voulu travailler avec le personnage de Soleiman. Même si ce qu’il vit est très dur, on peut imaginer qu’il en ressortira un peu plus armé, un peu plus homme.


Parallèlement à Soleiman, il y a l’autre personnage principal, le commandant Piracci, qui semble dénoncer l’attitude européenne face à l’immigration clandestine...

Pour moi, les deux personnages sont en miroir. L’idée de départ du livre était qu’il y ait deux trajectoires qui se croisent. Deux trajectoires opposées géographiquement - l’un part du Sud pour remonter vers l’Europe, et l’autre va quitter l’Europe pour le Sud -, mais aussi des parcours croisés d’un point de vue du fond. Si on est du côté du voyage initiatique avec Soleiman, on est du côté de la lente et progressive dépossession de soi avec Piracci. Au lieu de s’enrichir et d’apprendre au fur et à mesure, il s’efface progressivement. Il quitte ses différentes vies. Mais je n’ai pas envie que sa trajectoire soit l’occasion d’une leçon au lecteur sur ce que doit faire l’homme blanc, l’Européen, l’Occidental, face au problème de l’immigration clandestine. C’est le parcours d’un personnage de fiction. La grande tragédie du problème Nord-Sud, c’est que le fossé est énorme. Une fois qu’il est en Afrique, il ne suffit pas à Piracci d’épouser avec compassion le sort des Africains pour que le problème soit réglé. Ca n’est pas une solution politique à l’ensemble du problème.


Au croisement des deux parcours, il y a le passage de témoin, sous forme d’un collier de pierres vertes...

Plus que le collier, c’est le regard qu’ils échangent qui m’intéresse. Je voulais que le livre soit une histoire entre deux regards. Le premier c’est celui échangé par Piracci avec cette femme sur le marché des rues de Catane, qui va commencer à le faire vaciller dans ses certitudes sur lui-même. Puis à la fin, il y a le second et dernier regard sur un marché à Ghardaïa en Algérie. L’histoire est insérée entre ces deux petites scènes. On sait qu’il peut se passer beaucoup de choses dans un regard. On peut se comprendre, se détester, il peut y avoir de la séduction... en une fraction de seconde. Le second regard apporte une sorte de plénitude finale.


Etes-vous d’accord si l’on dit qu’‘Eldorado’ est un roman humaniste ?

Je suis très pour !... si on prend l'humanisme au sens de la devise telle qu’elle était à l’origine. "Je suis homme et rien de ce qui est homme ne m’est étranger." C’est une définition de l’écriture telle que je l’aime. Je vis en France, je suis heureux, mais par l’écriture je peux m’approprier des réalités humaines qui ne sont pas les miennes, et tenter d’en dire quelque chose par une forme de recherche et d’empathie. J’aime voir l’écriture comme une capacité de projection dans des réalités différentes, historiquement ou géographiquement, de ce que je vis moi. C’est comme ça que je vois l’humanisme : être capable d’être en sympathie - au sens étymologique - avec des choses lointaines, certes, mais humaines donc proches quand même.


Ressentez-vous une pression particulière avec la sortie d’‘Eldorado’, deux ans après avoir obtenu le Goncourt pour ‘Le Soleil des Scorta’ ? Craignez-vous de décevoir ?


Au départ, je me demandais si ces choses allaient être présentes au moment de l’écriture. Cela m’angoissait un peu. Je me demandais si j’allais écrire avec le stylo qui tremble. Mais pas du tout. A partir du moment où le travail de rédaction a véritablement commencé, je n’étais plus du tout dans ces problèmes de devenir éditorial, ou de course au prix. J’étais dans le même travail qu’avec les autres romans, c'est-à-dire comment faire pour que ce soit le mieux possible par rapport à ce que j’avais en tête, comment améliorer le texte... Maintenant que le livre est fini, c’est sûr qu’il y a un peu d’appréhension, de peur de décevoir. René Charles parle de "l’honneur cruel de décevoir." C’est un honneur d’avoir le risque de ne pas plaire. Cela signifie qu’on est attendu. C’est plus beau que d’être dans le silence et l’invisibilité totale.

Les critiques par Thomas Yadan

L’universel est ce par quoi les particularismes se reconnaissent fraternellement une parenté. Laurent Gaudé est l’expression même de cette capacité impressionnante à transcender les lieux, le temps, les langages, les différences afin d’en extirper l’essentiel. Avec ‘Dans la nuit Mozambique’, recueil de nouvelles écrites entre 2000 et 2007, les thèmes de la mort, de la nostalgie, du remords, du désespoir ou du répit se révèlent savoureusement dans l’étrangeté du lointain et le mystère des vacillements de l’âme. Ainsi, le colonel Barbaque dans l’immensité de l’Afrique, le commandant Passeo longeant les côtes du Mozambique ou Moshé S. Cravicz sur les trottoirs de New York, nous racontent dans une atmosphère impalpable, irréductible, leur vie chaotique, leur doute insatiable et leur regret si déterminant. Encore une fois, l’auteur du ‘Soleil des Scorta’ joue à équilibrer les nuances, oscillant entre un monde énigmatique, sauvage, inquiétant et la présence de l’Homme dans lequel chacun peut reconnaître un peu de lui-même. Car Gaudé arrive à créer une proximité paradoxale avec son lecteur. Il l’éloigne du contexte diégétique par une géographie et une temporalité insaisissables, tout en le rappelant à ses propres expériences, à ses questionnements intérieurs, à ses afflictions et ses émotions personnelles. Des récits singuliers exaltés par un style toujours aussi beau, élégant, épuré, percutant et une écriture capable d’objectiver les sentiments, les odeurs, les sueurs et les situations les plus extraordinaires.
En fin de compte, Laurent Gaudé abat avec audace et esthétique la distance réconfortante entre le livre et le lecteur, créant par la même une empathie déconcertante avec des personnages si étrangers et si lointains initialement.
Ce qu’on appelle précieusement de la très belle littérature.



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