ANNA ENQUIST "le retour"

LE RETOUR

Je viens de terminer ce livre et comme Muriel , j'ai beaucoup aimé, une belle analyse d'une vie de femme avec ,ses moments de bonheur ,ses souffrances ,ses doutes , ses certitudes ....
Malheureusement pour beaucoup d'aspects, c'est une vie réelle et non une fiction , perdre son mari et tous ses enfants !!! Comment peut on encore avoir envie de vivre !

Biographie d'Anna Enquist

Après des études au conservatoire de musique de La Haye où elle étudie le piano, Christa Widlund-Broer, qui prendra le nom de plume d'Anna Enquist, entreprend des études de psychologie clinique à Leyde et devient psychanalyste. Après avoir un temps entreprit une carrière musicale, elle se dirige vers l'écriture et commence à se faire connaître grâce à des recueils de poésie. Son premier roman, 'Le Chef d'oeuvre' (1999) , la fait connaître en dehors de son pays, les Pays-Bas. Paraissent ensuite 'Le Secret' en 2001, 'Les Porteurs de glace' en 2003, 'La Blessure' en 2005 ou encore 'Le Saut' en 2006. Forte de nombreux prix littéraires glanés dans son pays natal, Anna Enquist confirme une nouvelle fois en 2007 avec 'Le Retour' son immense talent.

Résumé du livre

Ce livre dévoile la vie de James Cook, le grand explorateur anglais. Au printemps 1775, sa femme Elizabeth a trente-quatre ans. Seule depuis déjà trois ans, elle attend le retour prochain de son époux. Alors qu'elle se prépare à l'accueillir, qu'elle s'imagine à l'aube d'une vie nouvelle, d'une relation conjugale et familiale véritable, l'angoisse l'étreint. Déroulant le fil de sa mémoire, Elizabeth revisite ses longues années de solitude, ses difficultés, ses douleurs, ses drames vécus dans le secret - et s'interroge sur sa capacité à reconstruire une relation si lointaine. Quand James Cook arrive enfin, tout semble d'emblée recomposé, la complicité renaît, l'admiration est intacte, les projets communs multiples, l'avenir s'illumine. Mais, confronté aux mondanités londoniennes, aux jeux d'influence et de pouvoir du monde scientifique de l'époque, l'explorateur ne parvient pas à se libérer de son douloureux besoin de reconnaissance...

Les critiques

Certains passent toute une vie sans parvenir à capter l’intérêt de l’être chéri. Mais si l’amour est réciproque, comment construire un quotidien quand l’autre moitié de soi vogue à des milliers de kilomètres, en terre inexplorée ? Avec ‘Le Retour’, Anna Enquist tente une variation sur le roman historique. Elle signe une biographie imaginaire d’Elizabeth Cook, épouse de James Cook, éminent capitaine qui se distingua au XVIIIe siècle sous le blason de la marine royale britannique pour avoir découvert et cartographié nombre de territoires inconnus comme la Nouvelle-Zélande. Avec passion, l’auteur s’est attelée pendant plus de dix ans à un travail de documentation et de recherche sur le terrain, afin d’élaborer un point de vue inédit : celui de cette femme qui a enduré son existence durant l’absence de son mari.
Résultat : l’ouvrage qui s’abreuve de faits réels - il respecte les dates, parcours et jusqu’aux noms des personnages et navires que fréquenta le capitaine - sur lesquels s’appuie l’intrigue pour mieux se déployer et laisser l’imagination prendre le relais quand les informations viennent à manquer. A travers un récit bien mené et ponctué de rebondissements, se dessine le portrait d’une femme intelligente, opiniâtre et digne, qui s’est toujours évertuée à soutenir son époux, a cherché à saisir la dualité de cet homme tiraillé et a dû supporter seule l’acharnement du sort qui lui prit un à un ses enfants, éloigna ses amis chers et lui imposa un veuvage de plus de cinquante années.
Anna Enquist a su mobiliser ses compétences de psychologue pour cerner la complexité de ce destin particulier et recomposer un personnage touchant, entre sensibilité et révolte, dévotion et colère, impétuosité et déception. Bien que l’on eût aimé que le dénouement nous révèle un miracle, on ne peut que saluer le parti pris de l’auteur de ne pas s’écarter de l’histoire. Un roman très réussi, dont le thème principal reste sans doute la solitude.

Autre critique (LIRE)
Tout est historiquement exact dans le nouveau roman de la Néerlandaise Anna Enquist. Et pourtant l'imaginaire domine ce livre qui prend pour point de départ la vie et les voyages de l'explorateur James Cook. En s'attachant exclusivement au point de vue d'Elizabeth, la femme du capitaine Cook, l'auteur ouvre le champ à une histoire d'amour et d'abandon...
Anna Enquist retrouve ici tous les thèmes qui lui sont chers. Les non-dits, le manque, les secrets, l'enfermement...
On n'oublie pas ce portrait de femme balayée par la tourmente, cette héroïne du quotidien qui fait avec ce qu'elle a. Par le rythme de sa phrase qui ne boite jamais, son écriture âpre et sans pathos, Anna Enquist nous offre un somptueux roman, à la fois historique et intemporel.

Comme j'ai beaucoup aimé , j'ai acheté et lu ,un de ses livres precedents " le secret" excellent aussi , voici un resumé et une critique de la revue lire


Pendant son enfance en Hollande, son professeur de piano disparaît du jour au lendemain. Sa mère met au monde un petit frère mongolien: deux proies menacées par l'occupant nazi. La petite fille doit grandir avec ses interrogations sans autre réponse que les cris des parents affolés «on dirait une fugue à deux voix alternées». Dora devient une concertiste célèbre et une grande amoureuse, plus concertiste qu'amoureuse, c'est le problème de Bau, son mari jaloux des confidences qu'elle fait au public à travers son jeu. Un mari fort et dense comme la Toccata de Schumann, qu'il faudra bien quitter pour faire entendre au monde tous les sons qu'elle a dans la tête. «Elle ne veut pas de ventre, ils la font mentir, elle ne peut faire que ce que Mozart a écrit. Elle part.» Une femme que tout finit par encombrer, hormis le piano qui lui permet d'échapper à la réalité.

Lorsque à la suite d'une révélation ses mains sont atteintes d'une maladie invalidante, Dora apprendra à penser en mots et non en sons pour régler ses comptes avec le secret. Car «le sentiment le plus violent était la nostalgie du premier accord». Aussi douée pour saisir l'esprit des lieux que pour explorer les névroses, Anna Enquist excelle dans l'art de recréer, sur une place de village, le charme palpable d'une soirée d'été dans les montagnes où la pianiste s'est retirée à l'aube de sa vieillesse. Construit comme une partition, écrit avec vigueur et subtilité, son livre nous parle des non-dits, du sort des malades mentaux, de la souffrance de leur famille, et de la force suprême de la musique comme rempart contre la réalité