Je viens de terminer "l'aube , le soir la nuit"
lecture interessante qui montre Sarko plutot "homme "que "politique" au quotidien , dans tous les moments de la campagne
ce que je n'ai pas aimé , c'est que les citations sont livrées pour la plupart hors de leur contexte
Résumé du livre
Yasmina Reza a suivi, dans des circonstances vraiment inouïes de liberté et d'indépendance, Nicolas Sarkozy pendant des mois. C'est donc là, vu par un écrivain, le portrait d'un homme parti à la conquête du pouvoir.
La critique
Si le livre tant “buzzé” de Yasmina Reza n'avait qu'un mérite, ce serait celui de dessiner un profil d'une rare exhaustivité du tout fraîchement élu président de la République française. “Il”, Nicolas comme consent à le nommer Yasmina Reza au bout de quelques pages est plutôt petit, il boite, picore tout le temps, déteste la campagne, s'habille chez Dior, porte des Ray-Ban à la Joe Pesci. Il aime sa femme et ses enfants, croit en l'aide surnaturelle, a beaucoup de succès auprès des femmes. Il parle aux flics comme un flic mais sait faire du charme dans une sorte de gaucherie ensorcelante. Il déteste les meetings, les journalistes qui ne servent “qu’à s’inventer soi-même”. Il consulte tous les jours les chiffres de vente de ses bouquins et adore être entouré de stars.
Autant de détails qui parsèment ce carnet de campagne d’un candidat que Reza décrit comme un homme pragmatique, exigeant, arrogant, capable des pires colères, mais un homme qui souvent s’isole, entre dans une sorte de mutisme énigmatique et redevient enfant dès que les lumières s’éteignent.
C’est enfin un président qui a l’air de s'ennuyer un peu à l'Elysée que rencontre l’écrivain, comme si cela ne lui suffisait déjà plus...
Celle qui a suivi Sarkozy presque comme son ombre dans tous ses déplacements y compris à l’étranger, en est revenue avec une somme extraordinaire d’anecdotes et quelques tirades dont Sarkozy en a le secret, mais qui une fois consommés nous laisse encore sur notre faim.
Ne reste de ce “portrait subjectif” que la belle rhétorique de Yasmina Reza, une verve légère qui s'aplatit cependant vers la fin du livre, comme pour s'éteindre avec l'élection de Sarkozy.
Yasmina abuse du discours libre et invente une sorte de héros romantique, un félin à l'ambition dévorante, une sorte de surhomme fascinant. La “littérature sert à s’élever au-dessus de sa condition”, dit si justement Nicolas Sarkozy... C’est par elle que naissent les mythes. L’exercice de style de Reza en est la preuve.
Morceau choisi
L'homme seul est une illusion. On les rêve dans une solitude emblématique mais les hommes font semblant d'être seuls. C'est un leurre. On les appelle des fauves, mais les fauves sont seuls. Sans doute sont-ils fauves dans leur arène, ailleurs ce sont des animaux domestiqués.
Dans le bureau de la place Beauvau où nous nous voyons pour la première fois, il écoute gentiment puis très vite je perçois, de façon infime, mais c'est une chose qui m'est familière, l'impatience.
Il a compris. Il est 'honoré' que je veuille faire son portrait. Il dit, bref vous voulez être là. J'ai dis oui.
Biographie d'Yasmina Reza
Fille d'une violoniste hongroise installée à Paris depuis l'établissement du 'rideau de fer', et d'un homme d'affaires d'origine juive et russe, Yasmina Reza évolue dès son enfance dans une atmosphère aussi artistique que cosmopolite. Nourrie par le théâtre de Nathalie Sarraute, elle se met elle aussi à écrire des pièces, actuellement traduites en trente-cinq langues et jouées dans le monde entier. 'Art', spécialement écrit pour Vaneck, Luchini et Arditi, rencontre un franc succès. Dialogues savoureux servis par des acteurs en grande forme : c'est une véritable réussite. Son premier roman paraît en 1999, 'Une désolation' revêt la forme d'un monologue. L'année suivante, elle rédige le scénario du 'Pique-nique de Lulu Kreutz', le film de son compagnon, Didier Martiny, mettant en scène des 'paumés' fiers et joyeux, conscients d'une Histoire qui les dépasse, mais dont ils tiennent à rester les témoins sarcastiques. Des personnages que Yasmina Reza affectionne particulièrement, et qui déambulent le long de son oeuvre.