encore le souvenir de Solenne ,fille disparue et tant aimée......
d'Olivier et Patrick Poivre d’Arvor[
Littérature française XXIè]
Résumé du livre
Youki, 26 ans, est à Prague en ce mois de janvier 1995 pour y rencontrer le prix Nobel et
poète tchèque Pavel Kampa. Elle fait une thèse sur
Robert Desnos et c'est
Kampa en mai 1945 qui a recueilli son dernier souffle à la sortie du camp de
Terezin. En réalité ce n'est pas le
poète qu'elle vient rencontrer mais son père supposé. Sa mère
journaliste avant de mourir lui a avoué avoir eu une
histoire d'amour avec lui quand elle était venue enquêter en 1968 sur l'insurrection étudiante. Et
Youki, fragile, anorexique, nymphomane, à l'
enfance dévastée par le manque paternel va découvrir en lieu du père un
Casanova vieillissant doublé d'un imposteur...
La critique par Thomas Yadan
“J’ai tant rêvé de toi que tu perds ta réalité”, ainsi commence le poème de Robert Desnos, fil conducteur du dernier roman d’Olivier et Patrick Poivre d’Arvor. Youki est une jeune femme arrivée à Prague pour terminer une thèse sur Desnos. En réalité, elle tente de retrouver un père, son père, poète tchèque prix Nobel de littérature, que sa mère a aimé l’occasion d’une nuit durant le printemps 68. Agathe Roussel est morte en avouant ses secrets à sa fille. Des secrets qui portent les traces du fantasme, de l’illusion, car Pavel Kampa n’a jamais aimé la Française. Elle fut juste une parmi tant d’autres. Mais Youki a de quoi faire vaciller le père amnésique.
Histoire d’errance, de tiraillements, rivée à un lointain passé et “à venir”, c’est dans cette ville envoûtante que se situe cet hommage explicite à Solenn, défunte fille de Patrick Poivre d’Arvor. Autre manière de traiter de l’anorexie, de la souffrance intérieure en échappant à l’exercice du récit (‘Lettres à l’absente’ et ‘Elle n’était pas d’ici’), le roman permet davantage les nuances narratives et accentue l’expression des sensibilités. On sent également la projection de l’expérience personnelle des auteurs agrémentée d’une capacité étendue à imaginer. Ainsi, la quête de la jeune fille devient rapidement une intrigue et l’ensemble se dévoile savoureusement entre l’amertume de l’irréversible et la douceur du dénouement. Un livre à la fois tendre et violent, mature et fragile, et d’une réelle sincérité. La sélection au Goncourt 2007 n’est dès lors pas étonnante, même si celle-ci ne signifie pas grand-chose au regard du travail introspectif que ce roman objective. Une belle preuve du talent confirmé des frères d’Arvor.