La Littérature en périlde Tzvetan Todorov
[Littérature classique]
"La Littérature en péril" « Ce que les romans nous donnent est, non un nouveau savoir, mais une nouvelle capacité de communication avec des êtres différents de nous »
Résumé du livre
Pour Todorov, la littérature est le meilleur moyen de connaître le monde humain et elle peut apprendre à mieux vivre. Selon lui, en France, une conception étriquée de la littérature s'est imposée ces dernières années. Evoquant quelques auteurs clés, Todorov révèle les sources anciennes de l'image de la littérature, du temps des Lumières, chez les romantiques ou dans les avant-gardes du XXe siècle.
Tzvetan Todorov jette un pavé dans la mare : “La littérature est en péril.” “Rien que ça !” rétorquent les plus sceptiques. Pourtant dans ce livre concis et précis, le célèbre historien des idées laisse peu de place au doute. Son exaspération, non feinte, est celle que beaucoup manifestent à l’égard de ceux qui façonnent aujourd’hui le paysage littéraire en France.
Il s’en va des théoriciens, des écrivains et des critiques mais aussi de l’enseignement des lettres. Todorov s’insurge contre une conception étriquée de la littérature coupée du monde et qui se regarde le nombril.
Lui, qui a longtemps côtoyé Gérard Genette et Roland Barthes, assène sans ambages les limites du formalisme, qui a pourtant constitué pour le jeune étudiant Tzvetan, une échappatoire à la censure dans les études littéraires qui s’exerçait dans son pays natal, la Bulgarie.
Todorov renvoie dos à dos les courants de pensées qui travaillent actuellement l’enseignement et influencent l’écriture. Si le roman semble moribond, si les études littéraires sont devenues sans objet, c'est la faute au formalisme d’abord, au structuralisme ensuite, qui a introduit de façon abusive dans les classes, des techniques linguistiques et stylistiques qui ont “noyé” la question du sens.
Sous l’influence du structuralisme, la littérature est devenue, selon lui, un objet langagier clos, autosuffisant, absolu.
Deux autres tendances que Todorov croit déceler chez les écrivains et chez les “journalistes qui recensent les livres” ont donné le coup de grâce à la littérature : le nihilisme et le solipsisme littéraire dont l’une des variantes récentes, l’”autofiction”, repose sur l’idée d’une rupture radicale entre le moi et le monde et influence dans une très large part la création contemporaine française.
Plutôt qu’une négation de la représentation, la littérature devient une représentation de la négation, ajoute l’essayiste. Un retour aux humanités s’impose.
Monia Zergane
Les extraitsLa phrase à retenirL'analyse des oeuvres à l'école ne devrait plus avoir pour but d'illustrer les concepts que vient d'introduire tel ou tel linguiste, tel ou tel théoricien (... ) sa tâche serait de nous faire accéder à leur sens...
Morceau choisiLe temps passant, je me suis aperçu avec quelque surprise : le rôle éminent que j'attribuais à la littérature n'était pas reconnu par tous. C'est dans l'enseignement scolaire que cette disparité m'a frappé tout d'abord. Je n'ai pas enseigné au lycée en France, à peine plus à l'université ; mais, devenu père, je ne pouvais rester insensible aux appels à l'aide que me lançaient mes enfants à la veille des contrôles ou des remises de devoirs. Or, même si je n'y mettais pas toute mon ambition, je commençais à me sentir un peu vexé de voir que mes conseils ou interventions entraînaient des notes plutôt médiocres ! Plus tard, j'ai acquis une vue d'ensemble de l'enseignement littéraire dans les écoles françaises, en siégeant entre 1994 et 2004 au conseil national des programmes, une commission consultative pluridisciplinaire, attachée au ministère de l'Education nationale.
- chapitre : La Littérature réduite à l’Absurde - page : 17 -
Morceau choisiDans son Autobiographie , publiée au lendemain de sa mort en 1873, John Stuart Mill raconte la sévère dépression dont il a été l'objet dans sa vingtième année. Il est devenu 'insensible à toute jouissance comme à toute sensation agréable, dans un de ces malaises où tout ce qui plaît à d'autres moments devient insipide et indifférent'. Tous les remèdes qu'il essaie s'avèrent inefficaces, et sa mélancolie s'installe dans la durée. Il continue d'accomplir mécaniquement les gestes habituels, mais sans rien ressentir. Cet état douloureux se prolonge pendant deux ans. Puis, petit à petit, il se dissipe. Un livre que Mill lit par hasard à ce moment joue un rôle particulier dans sa guérison : c'est un recueil de poèmes de Wordsworth.
- chapitre : Que peut la littérature ? - page : 69
Morceau choisiL'horizon dans lequel s'inscrit l'oeuvre littéraire, c'est la vérité commune de dévoilement ou, si l'on préfère, l'univers élargi auquel on parvient en rencontrant un texte narratif ou poétique.
Etre véridique, en ce ce sens du mot, est l'unique exigence légitime qu'on puisse lui adresser ; mais, comme l'a vu Rorty, cette vérité-là a partie liée avec notre éducation morale. Je voudrais revenir ici, pour la dernière fois, à une page de l'histoire littéraire et relire un célèbre échange sur les relations entre littérature, vérité, morale, celui dans lequel s'engagent George Sand et Gustave Flaubert.
- Citation :
- Todorov renvoie dos à dos les courants de pensées qui travaillent actuellement l’enseignement et influencent l’écriture. Si le roman semble moribond, si les études littéraires sont devenues sans objet, c'est la faute au formalisme d’abord, au structuralisme ensuite, qui a introduit de façon abusive dans les classes, des techniques linguistiques et stylistiques qui ont “noyé” la question du sens.
Sous l’influence du structuralisme, la littérature est devenue, selon lui, un objet langagier clos, autosuffisant, absolu.
Moi qui suis les etudes en français de mes fils , je suis assez d'accord avec son analyse , cela commence au college (ceci aux depens de l'analyse grammaticale et de l'orthographe) et cela continue au lycée aux depens du sens , trop de technique litteraire !
Toi Michele qui est une "pro" et qui participe à la formation des maitres qu'en penses tu ????