Activités Lionnes Val de Boivre
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Activités Lionnes Val de Boivre

Echanges de recettes de cuisine, club lecture et autres...
 
AccueilRechercherDernières imagesS'enregistrerConnexion
Le deal à ne pas rater :
Cdiscount : -30€ dès 300€ d’achat sur une sélection Apple
Voir le deal

 

 interview de Jean Teulé (JE, François Villon)

Aller en bas 
AuteurMessage
Christine
Admin
Christine


Nombre de messages : 175
Date d'inscription : 18/04/2006

interview de Jean Teulé (JE, François Villon) Empty
MessageSujet: interview de Jean Teulé (JE, François Villon)   interview de Jean Teulé (JE, François Villon) Icon_minitimeMer 14 Mar - 11:07

Les filles , j'ai vraiment envie que vous lisiez ce livre !!!
voici une interview de Jean Teulé et une critique du livre , je ne l'ai pas terminé mais malgré les horreurs decrites , je suis totalement seduite , je vous ferez mon cpte rendu au prochain club lecture

François Villon, poète voyou


Roman . Après Rimbaud et Verlaine, Jean Teulé se lance avec bonheur sur les traces d’un des plus grands poètes, François Villon. Remarquable.



Je, François Villon,




Après Rimbaud et Verlaine, Villon... .

Il est vrai qu’après avoir écrit sur les deux autres, je voulais faire le père. Villon est à la poésie ce que Renoir est au cinéma ou Bruce Springteen au rock : le patron, le boss. Il est le premier poète moderne. Avant lui, la poésie n’est que forme. Elle est bucolique avec des scènes de bergers, des rimes artificielles. Villon écrit, et il fait exploser ces codes-là. Au scintillement de la neige sur la branche, il rétorque les engelures aux pieds. Il est dans le réel. Il est dans le corps, dans la souffrance, pas dans la crème chantilly de la cour du roi René. C’est le premier poète à foutre son coeur sur la table.

La poésie de Villon marque une rupture en même temps qu’elle lui confère une nouvelle vitalité, une unité qui contribue à celle de la langue française.

Comme Louis XI, ils participent tous deux à l’unité nationale. Le premier, en rachetant des régions, fabrique la France, invente le premier service postal. L’autre procède de même avec l’écriture en utilisant les langues des régions, les argots. Le premier participe à l’unité du pays, le second à celle de la langue. Villon écrit des poèmes racailles, des poèmes de colère, va dénicher la poésie dans des lieux où personne avant lui n’avait mis les pieds. Dans ses poèmes, il évoque les métiers, parle des petites gens de toutes conditions, met en scène des univers jusqu’alors ignorés de la poésie : ceux des étudiants, des tavernes, des tripots. Personne avant lui n’avait imaginé écrire de la poésie sur de tels sujets. Mais curieusement, c’est comme si c’était aujourd’hui que l’on comprenait son langage. Bien sûr Rimbaud et Verlaine étaient des inconditionnels de Villon mais il me semble que c’est seulement aujourd’hui que l’on comprend enfin sa poésie. Six siècles après... Mon fils l’appelle le « rappeur médiéval », c’est bien vu. Il suffit de lire sa poésie scandée façon rap, c’est incroyable comme elle est percutante. Disons que Villon arrive à l’heure, six siècles après.

Vous le décrivez comme un personnage qui va jusqu’au bout de ses engagements. Il en est ainsi de son « compagnonnage » avec les Coquillards.

Il symbolise la liberté avec tous ses excès. C’est un type qui a poussé le vice jusqu’à faire violer l’amour de sa vie pour être accepté par les Coquillards. Et de ne plus avoir d’autre amour par la suite. Toute sa vie il éprouvera des regrets, il aura le chagrin de celui qui est allé trop loin, beaucoup trop loin, il sera pétri de honte. Mais jamais il ne se justifiera. Dans son deuxième testament, il raconte ses hontes comme personne ne les a jamais racontées. Mais il va au bout de son oeuvre comme on va au bout de sa vie, pour voir ce qui se cache derrière l’âme humaine. L’épisode des Coquillards est révélateur de cela. Il adopte leurs codes, d’une violence inouïe, mais aussi leur langue et s’en sert dans sa poésie.

Si la vie et l’écriture de Villon sont le fil conducteur de votre récit, Paris sert de toile de fond. Mais quel tableau...

Paris est à feu et à sang en cette année 1431. Éreinté par une guerre de Cent Ans qui n’en finit pas de mourir, le pays se remet difficilement d’années de pillage, de privations. Comme si cela ne suffisait pas, une épidémie de peste décime une bonne partie de la population de la capitale. Pourtant, Paris est une ville en perpétuelle ébullition. Des affrontements quotidiens opposent une population affamée aux forces de l’ordre. Une jeunesse estudiantine bouillonnante, indisciplinée, irrévérencieuse défie l’autorité depuis les quartiers de la Sorbonne, multiplie les pieds de nez au Paris de la rive droite, celui de l’ordre et des marchands. C’est dans ce Paris où la mort n’étonne plus personne, où une justice sanglante et expéditive coupe oreilles, nez et mains pour trois fois rien, pend les hommes et enterre les femmes vivantes, que naît François Villon. Un climat de violence dont la religion est la principale cause. Tous les jours de fête carillonnent et ces jours-là, Paris est rouge du sang qui coule dans les rues. Thibaut d’Aussigny s’amusait à coudre en collier les langues des suppliciés...

Il existe peu d’indications biographiques sur Villon et il ne nous est parvenu que trois mille vers. Comment avez-vous procédé dans votre écriture ?

Une vraie biographie de Villon tient en vingt lignes. La chance fait qu’il était malhonnête ! Il y a donc pléthore de procès-verbaux qui consignent tous les méfaits auxquels il est mêlé et qui nous en apprennent énormément sur le bonhomme. Mais sa poésie est truffée d’indications qui peuvent se lire aussi comme des indices. Villon n’écrivait jamais par hasard. Dans ses poèmes, il fait référence à des personnages, illustres ou inconnus, mais, en recoupant les différentes sources, tous ont existé et l’ensemble permet de se faire une idée précise des gens et des lieux qu’il fréquentait mais aussi des endroits où il se rendait. Trois mille vers, c’est pourtant peu. Beaucoup ont été perdus. À l’époque, les poèmes étaient recopiés à la main, circulaient de main en main, étaient épinglés un peu partout et n’importe où. Il ne nous est parvenu aucun original, aucune signature, on ne sait rien, juste qu’il était grand et gaucher. On sait que son dernier poème, il l’écrit à son gardien. Ce sera la seule fois où il écrit le mot fin.

Libéré par Louis XI, il revient à Paris et là, il semble dépassé par sa renommée...

C’est une licorne, un personnage devenu légendaire de son vivant. Il ne comprend pas ce qui lui arrive. Alors partir, ça l’arrange un peu : il n’avait plus rien à faire avec le personnage mythique qu’il était devenu.

Il quitte effectivement Paris le 8 janvier 1463. Il est banni pour dix ans. Il a trente-deux ans. Et l’on perd complètement sa trace...
Une telle attitude a bluffé des gens comme Rimbaud. Rimbaud, après ses aventures dans le Paris de la Commune, se sent banni. Lui aussi part pour disparaître, « je disparaîtrai merveilleusement », écrit-il. Quant à Verlaine, il meurt un 8 janvier en criant : « François ! »

Avant de partir, Villon a écrit deux testaments...

Son premier testament est une farce : il lègue n’importe quoi à n’importe qui. Le deuxième est très noir, désespéré, comme un adieu au monde.

Entretien réalisé par Marie-José Sirach




CRITIQUE


Je, François Villon ou La trajectoire flamboyante de la lumière et du sang


Si pour certains artistes, la vie ressemble à « une belle histoire », celle du poète et truand, François Villon, dépasse de plusieurs coudées toutes celles que nous connaissons. Dans son roman, paru chez Julliard, Jean Teulé prend possession, dès l’accouchement, de l’existence de celui que l’on considère comme le premier poète moderne.

Si dans les contes, les fées, bonnes ou mauvaises, se penchent sur le berceau du nouveau né, que dire de celles dont l’histoire dissimule l’identité depuis des siècles, qui assistent à la naissance de François Villon, le 30 mai 1431 dans la capitale du Royaume de France tandis que son père expire, à quelques pas de là, au bout d’une corde et que Jeanne la Pucelle carbonise sur le bûcher anglais à Rouen...

Monseigneur Thibaut d’Aussigny, jeune évêque, menaça la jeune mère, sauvée par sa grossesse, d’une fin inéluctable et prochaine. N’avait-elle pas déjà les deux oreilles coupées pour vols ? Cette récidiviste ne pourrait s’arrêter, c’est donc sous la menace du jeune dignitaire religieux que la mère quitta l’hôpital serrant très fort son nouveau né dans ses bras.

Jean Teulé, pardon, François Villon va nous entraîner dans ce Paris du 15ème siècle, plus vrai que nature. La vie pulvérise, dès la première page, la distance et le temps qui nous séparent de cette époque.

L’écriture de l’artiste nous permet, non plus de lire, mais bien de vivre, c’est-à-dire d’utiliser nos cinq sens « comme si nous y étions ». Les personnages ne sont plus des mots mais des êtres que nous côtoyons. Nous assistons, impuissants, malgré notre révolte et peut-être même nos tentatives d’interventions, aux derniers moments de la mère du futur poète. Elle est condamnée « à souffrir mort et à être enfouie toute vive devant le gibet de Montfaucon ». De cette atrocité, véritable cataclysme intérieur, naîtra la première ballade :

" Dites-moi où, en quel pays
Est Flora la belle Romaine »"

Villon ira clouer cette première œuvre sur un des poteaux du gibet où les doigts du vent agitent malicieusement les cordes et les chaînes dans l’ombre des corps décomposés.

Rien de la cruauté du temps ne nous est épargné . Nous sommes devenus les otages de ce quinzième siècle où l’on découvre un quotidien tellement éloigné de notre existence que nous découvrons les gestes, les occupations de cette époque fascinante et terrifiante à la fois.

Jean Teulé, nous permet de nous pencher par-dessus l’épaule du poète et d’assister à la création de ces plus fameuses ballades. C’est aussi la naissance de la langue française. Premiers pas vers la modernité. On sent à quel point la poésie est à l’origine de toute chose. Le Verbe créateur semble ici s’être fait chair, c’est-à-dire souffrances, cris, mais également rires, jeux, parfois interrogations, souvent prières...

Le poème devient alors une sorte de véhicule sur lequel la pensée traverse les générations tenant dans ses poings solidement fermés, la mémoire vive de nos ancêtres, en un mot, de notre histoire à travers la chaîne des générations.

Comment ne pas, au-delà de ce visage, surgi du passé, être troublé par tous ces sentiments. En refermant cet ouvrage, on ne peut s’empêcher d’entendre les voix de ces êtres qui nous ont précédés. Bien plus qu’un roman, cette biographie nous permet de toucher, de voir, de connaître un Villon comme aucun cours d’histoire n’a pu nous le proposer.

Un maître livre qui nous ouvre toutes grandes les portes de la poésie d’un artiste exceptionnel dont la trajectoire flamboyante et terrible traverse notre monde l’éclaboussant de la lumière des anges et du sang des hommes !

Victor Varjac (panorama du livre)
Revenir en haut Aller en bas
https://lionnes-vdb.actifforum.com
 
interview de Jean Teulé (JE, François Villon)
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» Interview d'Eric Emmanuel SCHMITT
» interview de jacques attali "une breve histoire de l'av
» francois de closets :une vie en plus ou comment vivre mieux
» age d'or 2007/2008 "Jean Rousseau"

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Activités Lionnes Val de Boivre :: Club Lecture :: Nos lectures-
Sauter vers:  
Ne ratez plus aucun deal !
Abonnez-vous pour recevoir par notification une sélection des meilleurs deals chaque jour.
IgnorerAutoriser