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 esprit de l'atheisme ( andré comte sponville)

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Christine
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Christine


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esprit de l'atheisme ( andré comte sponville) Empty
MessageSujet: esprit de l'atheisme ( andré comte sponville)   esprit de l'atheisme ( andré comte sponville) Icon_minitimeLun 22 Jan - 12:26

Voici un article de reflexion par un des rares philosophes francais contemporains"lisibles "
bonne lecture !


La fidélité sans foi
INTERVIEW D’ANDRÉ COMTE-SPONVILLE

Philosophe, André Comte-Sponville nous raconte, dans son dernier livre ‘L’Esprit de l’athéisme’, une existence sans Dieu et son expérience de la spiritualité. L’occasion d’un entretien autour de la morale, de l’amour et du désespoir et d’un dialogue avec Spinoza, Kant, Nietzsche, Marx...




‘L’Esprit de l’athéisme’ est écrit très clairement, dans un style fluide, un peu à la manière de Marcel Conche. Y a-t-il une volonté de vulgarisation ?

Ca a commencé bien avant Marcel Conche ! Tous les auteurs que j’aime écrivent clairement : Les Grecs, bien sûr, mais aussi Montaigne, Descartes, Pascal, Diderot, Marx, Nietzsche… Althusser, qui fut aussi mon maître et mon ami, écrit aussi clairement que Marcel Conche. L’inverse est vrai pour les philosophes obscurs ou abscons, comme Derrida. L’homme était charmant ; mais, au bout de dix pages, je savais que ce type ne m’intéresserait jamais. Il avait du talent, mais je ne supporte pas son maniérisme, pas plus que je ne supporte celui de Lacan, qui frise l’escroquerie intellectuelle. Le style, c’est l’homme ; quand le style est obscur, il faut déjà s’inquiéter. Cela dit, je ne parlerais pas de vulgarisation, car je ne fais pas d’efforts de traduction pour rendre la philosophie accessible. Descartes ou Pascal n’ont pas vulgarisé la philosophie ; ils ont juste écrit clairement. J’appartiens à cette tradition de philosophes qui écrivent le plus simplement qu’ils peuvent. Ce n’est pas de la vulgarisation ; c’est de l’honnêteté intellectuelle.

Voir le livre ‘L’Esprit de l’athéisme’

Dans ce livre, vous opposez souvent le discours et l’expérience en considérant que les mots sont rarement à la hauteur des faits.

En effet. Mais l’inverse est vrai aussi : les faits n’arrivent pas toujours à la hauteur des mots. Tout dépend de quoi il s’agit. Il se trouve que mon dernier livre, surtout dans la troisième partie, parle de spiritualité. Qu’est-ce que la spiritualité ? La vie de l’esprit, spécialement dans son rapport à l’infini, à l’éternité et à l’absolu. La spiritualité a donc le même objet que la métaphysique. Mais la métaphysique est un travail de pensée, qui se fait avec des mots, des raisonnements, des concepts. La spiritualité relève davantage de l’expérience : elle se nourrit de sensations, d’émotions, de silence. La première est spéculation ; la seconde, contemplation. Je ne fais pas de hiérarchie entre les deux, mais on ne peut pas demander au discours de remplacer quelque chose que l’on ne peut vivre que dans le silence, et réciproquement. Parler d’amour n’a jamais suffi à être amoureux ou à aimer, parler de nourriture n’a jamais suffi à manger à sa faim, etc. L’inverse, j’insiste, est vrai aussi. Etre amoureux ou gourmand, cela n’a jamais suffi à bien parler d’amour ou de gastronomie.


L’athéisme est avant tout une figure de l’immanence ?


Oui. Mais pour l’athée, tout est immanence( voir definition fin de page) . La religion est elle-même une forme d’immanence, qui se prend illusoirement pour une révélation transcendante. Au fond, être “immanentiste”, c’est penser qu’il n’y a rien d’autre que Tout. Dieu, étant transcendant, c'est-à-dire “autre que Tout”, n’est rien. L’esprit n’existe qu’à l’intérieur de cette immanence au monde. L’esprit, pour le matérialiste que je suis, c’est un cerveau humain en état de marche, ou, dans un sens un peu hégélien, l’ensemble de ce que les cerveaux humains en état de marche ont produit à travers les siècles.


Pourtant, si Dieu est mort, la conception judéo-chrétienne de l’homme, c’est-à-dire la morale (conséquence du libre arbitre), s’est éteinte, aussi. Comment concilier en définitive la morale et l’athéisme ?

Mon livre porte sur la spiritualité, guère sur la morale. J’ai montré, dans des livres précédents, qu’il n’y a pas de morale absolue sans libre arbitre, qu’il n’y a pas de libre arbitre, et que toute morale prétendument absolue est donc illusoire. Sur ce point, je me sens assez proche de mon ami Michel Onfray, ou plutôt c’est lui qui est proche de moi (j’ai publié bien avant lui). Mais qu’il n’y ait pas de morale absolue, cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de morale du tout ! Etre relatif, ce n’est pas n’être rien ! Comme Spinoza, comme Marx et Freud, je pense que la morale est une illusion nécessaire, qu’il est vital de la transmettre à nos enfants. Althusser écrit que “seule une conception idéologique de la société a pu imaginer une société sans idéologie” ; on peut dire de même que seule une conception illusoire de l’être humain a pu envisager un être humain sans illusion. Démystifier la morale, ce n’est pas l’annuler ; c’est se libérer des illusions qu’on se faisait sur elle. Elle n’en demeure pas moins. Or, en l’occurrence, la morale judéo-chrétienne me paraît l’une des plus belles. C’est l’erreur fondamentale de Nietzsche, comme d’Onfray aujourd’hui, que d’avoir voulu la renverser. Pas besoin de croire en Dieu pour être plus sensible au Christ des Evangiles qu’aux fadaises nietzschéennes sur le surhomme, l’éternel retour ou la “superbe brute blonde” !


Mais l’amour, par exemple, reste un concept lié à la métaphysique judéo-chrétienne. Pourtant vous l’exaltez abondamment ?


On a aimé bien avant Moïse ou Jésus ! Quel rapport avec la religion ? On ne pas va attendre de savoir si Dieu existe pour se demander si on aime ses enfants. L’amour que j’ai pour mes enfants est aussi réel que l’érection que j’ai lorsque je désire une femme. L’illusion consiste à croire que je désire une femme parce qu’elle est belle. Ce que m’apprend Spinoza, c’est que ce n’est pas parce qu’elle est belle que je la désire, mais parce que je la désire que je la trouve belle. C’est ce que j’appelle le relativisme. Démystifier l’amour, ce n’est pas l’annuler ; c’est le penser dans sa vérité renversante : ce n’est pas la valeur de l’objet qui justifie l’amour, mais le désir qui donne de la valeur à l’objet. Il y a de l’illusion dans tout amour, mais ça ne veut pas dire qu’il n’existe pas. Si vous retirez de l’homme ce qui est illusoire, vous retirez tout ce qui est humain.


De la même manière, vous aimez profondément la vérité ; n’est-ce pas en contradiction avec le relativisme dont vous parlez ?

Je suis relativiste pour ce qui est des valeurs, parce que toute valeur est relative à l’amour qu’on lui porte. En revanche, je ne suis absolument pas relativiste s’agissant de la vérité. Le fait que nous soyons ensemble, vous et moi, en ce moment, est une vérité universelle, éternelle, absolue. La plupart des gens, bien sûr, n’en savent rien ; mais nul ne peut nier cette vérité sans mentir ou se tromper. Là encore, Nietzsche se trompe : on ne peut pas mettre sur le même plan le vrai et le bien, la vérité et la valeur. Toute valeur est relative au désir ; aucune vérité ne l’est. Celui qui dirait “Ce n’est pas parce que cette proposition est vraie que je la connais mais c’est parce que je la connais qu’elle me paraît vraie”, prouverait simplement qu’il n’entend rien à ce qu’est une vérité.


C’est ce qui justifie le caractère consensuel de votre livre vis-à-vis des religions et des hommes de foi ?


Mon livre n’est pas si consensuel que vous le dites. C’est un livre de combat, mais pas contre la religion : contre l’obscurantisme, le fanatisme et la superstition. Et un livre de paix, à l’égard de tous les esprits ouverts et tolérants.


Parlez-nous de la notion de “gai désespoir”...

J’en parle plus longuement dans mon ‘Traité du désespoir et de la béatitude’. Je pense que Pascal, Kant et Kierkegaard ont raison de dire qu’un athée lucide et cohérent ne peut pas échapper au désespoir. Tout espoir, pour l’athée, vient buter sur ce qu’André Gide appelait “le fond très obscur de la mort”. Toutes nos espérances viennent buter contre un fond de désespoir, qui fait partie de la condition humaine. En revanche, je crois qu’ils se trompent lorsqu’ils considèrent que le désespoir est forcément le malheur. Car l’espérance n’est pas le bonheur, bien au contraire ! On n’espère que ce que l’on n’a pas. Espérer être heureux, cela prouve qu’on ne l’est pas. Comme l’a dit Spinoza, “il n’y a pas d’espoir sans crainte ni de crainte sans espoir”. Quand vous êtes dans l’espérance, vous êtes dans l’angoisse, donc vous n’êtes pas heureux. L’espérance n’est pas le bonheur ; le désespoir, au sens où je prends le mot, n’est pas le malheur. Ce que je montre, en m’appuyant sur les stoïciens, Spinoza et la tradition bouddhiste, c’est que le bonheur est indissociable d’un certain désespoir. Si le sage est sans crainte, il est donc sans espoir. Le désespoir, au sens où je le prends, ce n’est pas la tristesse ; c’est le fait de ne rien espérer. Tant qu’on espère le bonheur, c’est qu’on ne l’a pas. Quand on est heureux, on n’a plus rien à espérer. Cette sagesse du “gai désespoir” (clin d’oeil au “gai savoir” de Nietzsche) incite les gens à comprendre qu’il s’agit d’espérer un peu moins et d’agir un peu plus.


Votre livre pourrait-il se résumer à une espèce de fidélité sans foi ?


Oui. La fidélité c’est ce qui reste de la foi quand on l’a perdue. On peut faire un parallèle entre la spiritualité évoquée dans ce livre et les trois vertus théologales de la tradition chrétienne : la foi, l’espérance et la charité. La spiritualité sans Dieu que je propose relève de la fidélité plus que de la foi, et de l’amour plus que de l’espérance. Elle n’est pas une croyance en un Etre transcendant, mais un attachement à certaines valeurs que nous avons reçues et que nous avons à charge de transmettre. C’est une spiritualité de l’amour plutôt que de l’espérance, puisque, s’il n’y a rien après la mort, apparaît ce fond de désespoir, qui n’est pas une raison pour cesser d’aimer. Enfin, spiritualité de l’immanence ou “sentiment océanique”, comme le dit Freud, qui n’est pas la rencontre avec un “Tout autre” mais l’immersion dans le “Tout même”. Ce n’est pas un saut au-delà de l’Etre mais une manière d’être un avec tout. C’est une expérience de plénitude, de simplicité, d’unité, d’éternité... L’énoncé le plus juste, en Occident, en reste le livre V de ‘L’Ethique’ de Spinoza : “Nous sentons et expérimentons que nous sommes éternels”... C’est à cette expérience que le troisième chapitre de mon livre est consacré. Nous sommes déjà dans le Royaume : l’éternité, c’est maintenant.




Propos recueillis par Thomas Yadan pour Evene.fr
Relu et corrigé par André Comte-Sponville - Janvier 2007



Immanence
Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.


L'immanence désigne le fait de demeurer à l'intérieur. Un principe métaphysique immanent est donc un principe dont l'activité non seulement n'est pas séparable de ce sur quoi il agit, mais le constitue de manière interne. Ce concept ne s'oppose pas absolument à la transcendance, puisqu'en religion, par exemple, Dieu peut être immanent dans l'homme sans que cela contredise sa transcendance.


Synthèse immanence-transcendance [modifier]
La pensée de l'immanence ou de la transcendance de Dieu a divisé les philosophes médiévaux, néo-platoniciens d'après Augustin d'Hippone, ou aristotéliciens d'après Albert le Grand et Thomas d'Aquin.

Avec son assertion, « Dieu est mort », Nietzsche déclare que nous sommes laissés à nous-mêmes, que nous ne devons plus espérer ni découvrir une vérité transcendante et cachée, ni inventer la fin de l'histoire en édifiant une vérité transcendante et définitive.

Cette même synthèse d'indifférence se fait jour chez Wittgenstein (« Ce qu'on ne peut pas dire, il faut le taire ») : il croit avoir défini formellement un concept de vérité universelle -- formellement, donc indépendamment de tout sujet, de tout observateur. Cette vérité est-elle immanente ou transcendante ? Peu importe : la distinction ne doit d'ailleurs pas elle-même être formalisable, et donc il n'y a rien à en dire.

Sartre fait le même constat quand il utilise dans la Critique de la raison dialectique le mot-composé immanence-transcendance. Est immanence ce qui est intérieur à l'être d'une réalité et ne renvoie, ni pour son existence, ni pour son explication, ni pour sa valeur, à aucun principe extérieur ou supérieur, c'est-à-dire à aucun principe transcendant. Cette thèse peut être résumée par l'énoncé: tout est intérieur à tout.
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