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 Rene Char /poesie

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Christine
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Christine


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Date d'inscription : 18/04/2006

Rene Char /poesie Empty
MessageSujet: Rene Char /poesie   Rene Char /poesie Icon_minitimeMar 3 Avr - 14:57

"Qu'est ce que la poesie ? une pensée dans une image"
image=magie, anagramme, magie de la poesie
Peu d'entre vous s'interesse à la poesie,je vais donc jouer à la maitresse d'ecole (pardon Michele, je te pique ta place pour un instant)
C'est l'anniversaire de la naissance de René Char 1907/2007, une occasion pour re ou decouvrir ce poete , voici une poesie (la plus connue ) son analyse et qq aphorismes

J'ai ete ravi de voir un rayon central à la Fnac consacré à Rene Char et à la poesie !!! c'est le printemps des poetes

A lire à voix haute , j'aime le rythme des alexandrins



ALLEGEANCE

Dans les rues de la ville il y a mon amour. Peu importe où il va dans le temps divisé. Il n'est plus mon amour, chacun peut lui parler. Il ne se souvient plus; qui au juste l'aima?


Il cherche son pareil dans le voeu des regards. L'espace qu'il parcourt est ma fidélité. Il dessine l'espoir et léger l'éconduit. Il est prépondérant sans qu'il y prenne part.


Je vis au fond de lui comme une épave heureuse. A son insu, ma solitude est son trésor. Dans le grand méridien où s'inscrit son essor, ma liberté le creuse.


Dans les rues de la ville il y a mon amour. Peu importe où il va dans le temps divisé. Il n'est plus mon amour, chacun peut lui parler. Il ne se souvient plus; qui au juste l'aima et l'éclaire de loin pour qu'il ne tombe pas?


NOTES SUR ALLÉGEANCE DE RENE CHAR (1 : les deux premières strophes).
(cf La fontaine narrative in Fureur et mystère , Poésie/Gallimard, p.219)

Allégeance est un des plus célèbres poèmes de René Char.
Il se présente sous la forme d'un poème en prose constitué de quatre paragraphes.
Mais le lecteur ne tarde pas à s'apercevoir que ces paragraphes sont en fait des strophes composées d'alexandrins : 4 strophes donc comprenant 4 vers chacune pour les deux premières puis 3 vers et un hémistiche et enfin, 5 vers...

Le sujet de ce poème a sans doute contribué à sa célébrité, mais c'est surtout par la belle lucidité de l'écriture que le thème du sentiment amoureux est mis en valeur.

Le premier vers est remarquable par sa sobriété :

Dans les rues de la ville il y a mon amour.

La personne que j'aime n'est pas forcément avec moi, dans ma compagnie mais peut être ailleurs, au travail, en voyage, avec quelqu'un d'autre. C'est une constatation toute simple, une évidence dont pourtant l'énoncé nous frappe en nous rappelant que notre vie est constituée d'affects.

Le vers 2 présente l'habituelle élégance des énigmes de René Char :

Peu importe où il va dans le temps divisé.

Le temps relève de la subjectivité ; c'est ce que nous savons depuis nos cours de philosophie de classe Terminale. Mais c'est là pure rhétorique. Nous éprouvons parfois plus affectivement cette relativité du temps qui nous fait trouver courte la journée avec l'être aimé et trop long le temps qui nous sépare du but que nous poursuivons.
Ainsi, de même qu'aucun de nous n'a la même perception du réel puisque nous occupons tous des places différentes dans l'espace, aucun de nous n'a la même perception de ce temps dont la langue française nous dit "qu'il passe".
Ce beau vers de René Char inscrit l'être aimé dans une liberté inaccessible au narrateur, la liberté de l'autre que le narrateur d'ailleurs respecte : l'autre va où il veut dans une perception du temps qui ne peut être mienne. On ne peut pas mieux dire que ce qui caractérise l'être humain est sa liberté.

Dès lors, l'autre, cet être aimé, "n'est plus mon amour" en ce sens que, libre, il ne m'appartient pas et se tient donc disponible au discours des tiers, ces autres qui sont nos témoins, la communauté des vivants :

Il n'est plus mon amour, chacun peut lui parler.

Ces trois premiers vers respectent impeccablement le rythme ternaire cher aux maîtres de l'alexandrin classique mais ce rythme se rompt dans le dernier vers de la strophe :

Il ne se souvient plus ; qui au juste l'aima ?

Évidemment, l'autre, si libre, peut m'oublier ou ne pas distinguer l'amour du désir, mais cette interrogation qui termine la strophe peut tout aussi bien souligner cette vérité : que savons-nous des êtres, que savons-nous des autres ? Même de nos plus proches, comprenons-nous le sens exact de leurs gestes, de leurs paroles ou ne faisons-nous qu'interpréter et "oublier" ce qui ne nous convient pas ?

La deuxième strophe est toute entière consacrée au pronom "il" : 3 vers sur 4 commencent par ce pronom et il apparaît 5 fois.
Ce pronom "il" est inscrit dans une quête :

Il cherche son pareil dans le voeu des regards.

L'autre "cherche son pareil" comme nous-même le faisons, cherchant dans les yeux de ces autres que nous croisons une reconnaissance de notre travail, de notre manière d'être, de notre beauté, de notre gentillesse, de notre élégance, de notre sérieux, de notre insolence, une preuve de notre existence.
On dit que le philosophe Emmanuel Lévinas a contribué à inscrire le "visage" dans ce que nous pouvons dire de l'éthique. Le visage, cette métonymie de l'autre, nous mettant sans cesse en position d'être moral et non pas seulement d'être social, nous oblige à réfléchir sur les besoins de cet autre et donc sur nos devoirs envers lui.
C'est ce que, je crois, l'on appelle "solidarité" et qui devrait se tenir dans le "voeu des regards" quand ce "voeu" n'est pas qu'un simple désir, une simple pulsion, un stimuli.

Ce pronom "il" est donc inscrit dans une quête. Et dans un espace :

L'espace qu'il parcourt est ma fidélité.

L'autre peut très bien m'avoir oublié, ne pas me comprendre, - me fuir puisque, libre, il en a humainement le droit -, ma "fidélité" d'être vivant l'accompagne.
Où ai-je lu ou entendu cette phrase : "Où que tu ailles, mes voeux t'accompagnent." ?

Il dessine l'espoir et léger l'éconduit.
Il est prépondérant sans y prendre part.


Ainsi l'autre peut très bien "éconduire" ce qu'il veut, il reste "prépondérant", essentiel à ce que le narrateur appelle "fidélité".

NB : Les vers de René Char figurent en caractères gras dans cette page.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 28 septembre 2005

Vous pouvez continuer l'analyse des deux dernieres strophes , c'est club lecture demain soir , j'attends vos commentaires
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APHORISMES


Le poème est l'amour réalisé du désir demeuré désir.

La lucidité est la blessure la plus rapprochée du soleil.

Le fruit est aveugle. C'est l'arbre qui voit.

Dans la boucle de l'hirondelle un orage s'informe, un jardin se construit


Pas toujours facile à interpreter

Voici pour exemple un aphorisme expliqué,
En fait il faut connaitre la biographie de l'auteur et le contexte de creation , comme pour l'analysed'une poesie , d'une oeuvre d'art


« Épouse et n'épouse pas ta maison. » (Fureur et Mystère / Feuillets d'Hypnos-34)

La maison c'est la maison France. Pays dans la tourmente, après la débâcle. Ces heures semblent ne devoir jamais finir… Épouse ce pays, pour le meilleur et pour l'instant le pire, puisque tous ceux qui devaient en défendre le prestige l'ont trahi, l'ont abandonné, à droite comme à gauche, dans le croupissement pétainiste et le zèle à procurer le mal au Pire hitlérien. C'est dans le maquis qu'on l'épouse cette maison, non dans la plupart des mairies ou des préfectures. Ne l'épouse pas, quand l'esprit de collaboration de la France indique qu'elle est inséminée depuis longtemps. Dans les maisons, l'obscurité est venue, par la passivité au mieux, par la complicité dans la haine trop souvent. N'épouse pas… De grammaticale la défense devient militaire. Le foyer, l' oïkos, n'est plus fréquentable dès lors qu'on y brûle la devise de la France sous prétexte de célébrer la nouvelle économie du désastre, avec ses règles et ses lois, souillées de sang, de larmes et de honte. Transporter le pays, la maison de l'Être avec soi, et l'âtre avec, devant un feu de brindilles. Le séjour avec les camarades, dans la proximité du danger et l'accomplissement du devoir, c'est l' éthos. Cette éthique vise au coeur les décisions scélérates de Laval et de ses sbires. Ne suis pas ton pays quand il s'agit de l'être, de l'incarner, de le représenter pour mieux lui appartenir. Épouse, le légitime. N'épouse pas, le légal, quand le régime vichyste l'a déshonoré, et jusqu'à aujourd'hui. Elle n'est donc pas paradoxale, cette injonction qui se dédouble en deux apparents contraires.

S'il doit enseigner à ses hommes ce qu'il faut parfois d'individualisme pour sauver un groupe, une communauté élargie, même à l'aveugle, de citoyens, ce qu'il faut sacrifier de privé au collectif, c'est à soi-même que René Char s'adresse avant tout. Ce sont les préceptes qu'Hypnos doit noter pour lui, dans un carnet dont il ne restera bientôt plus que des feuillets. « Épouse et n'épouse pas ta maison », phrase qui n'est pas relue. Si elle est notée, c'est parce que Char, le capitaine Alexandre, vit chaque seconde dans l'urgence de ce balancement. Épouse ta maison pour tuer cet Allemand qui voulait la souiller, n'épouse pas ta maison qui a produit ce traître ayant longtemps vécu dans ta rue et que tu croyais connaître comme ton frère. Épouse ta maison au moment d'exécuter ce traître. Et ne l'épouse pas, si un ordre venu des chefs t'enjoint de ne pas le tuer tout de suite, pour des raisons que tu n'as pas à interroger, pas à commenter devant les hommes. Épouse le célibat des années d'ombre et n'épouse pas les noces, bientôt, des vainqueurs avec les honneurs, n'épouse pas le divorce de l'acte et de l'humilité. Épouse et n'épouse pas ta raison. Épouse et n'épouse pas cette saison en enfer. Marche au pas du soldat de la Liberté et résiste à tout embrigadement, quel qu'il soit. Cela valait, cela vaudra aussi en art, bien sûr.

Invente le présent en sauvant l'avenir. L'aphorisme appelle les générations futures à défendre ce qui ne peut être définitivement acquis, la liberté du monde dans un monde qui jamais n'est entièrement libre, ne serait-ce que parce que l'individu porte la servitude en soi. Cet aphorisme n'est pas écrit dans une maison mais au fond des cavernes. L'âge high-tech n'y change rien.


Biographie de René Char

Né en 1907 à L'Isle sur la Sorgue, René Char adhère à 22 ans au mouvement surréaliste. Il signe un recueil en commun avec Breton et Eluard mais reprend bien vite son indépendance en 1934. Son oeuvre sera désormais celle d'un solitaire et d'un homme d'action en prise avec son temps : en 1937, il dédie son Placard pour un chemin des écoliers aux 'enfants d'Espagne'. Démobilisé en 1940, il entre presque aussitôt dans la Résistance sous le nom de guerre d'Alexandre. Cette expérience sera relatée dans 'Les Feuillets d'Hypnos' (1946). Après la Libération, 'Seuls demeurent' (1945) , somme des temps de guerre, est suivi du 'Poème pulvérisé' (1947) , de 'Fureur et mystère' (1948) et des 'Matinaux' (1950) qui ont'mission d'éveiller', au sortir de la réclusion, aux mille ruisseaux de la vie diurne. Sa poésie est abrupte, hermétique. Tout son travail résidait dans l'épuration de ses phrases jusqu'à les réduire à de fulgurants instantanés.
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